Martine Aubry est-elle devenue le boulet du PS ?.......et.....
Bruno Roger-Petit
......Ségolène ROYAL le canon du PS ?
Martine Aubry était invitée de TF1 au lendemain de l'intervention télévisée
de Nicolas Sarkozy | Capture d'écran
C'est quoi le problème Aubry ? Pouquoi ça ne prend pas ? Pourquoi n'incarne-t-elle pas
naturellement l'alternance que tant et tant de Français attendent ?
Quelque chose ne va pas. Tenez, avant hier, elle a été l'invitée du journal de 20 heures de
TF1. Le résultat ? Un trou d'audience monstrueux lors de son passage. Une béance. Pour l'excuser, certains ont mis en avant le fait que le public de
TF1 à cette heure est plus jeune que celui de la deux. Personnellement, je trouve que c'est encore plus accablant. Si le premier secrétaire du PS en fonction n'arrive pas à susciter un
peu d'entrain au sein de la classe d'âge la plus rétive au charme du président, c'est à désespérer.
Et pourtant, Aubry a toutes les cartes en mains : le PS, la soumission des caciques, la
satellisation de Royal et Hollande, mais aussi de Valls et Montebourg.... Sans parler du silence et de l'éloignement de DSK, facteur qu'elle devrait mettre à profit pour s'imposer. Eh
bien ! Malgré tout cela, ça ne passe pas...
Pourquoi ?
Depuis deux ans, je croise régulièrement des "communicants" qui tous, se flattent d'avoir conseillé à Aubry de
se "merkeliser". Moi-même, j'ai cru un moment que cela pourrait fonctionner. Mais aujourd'hui, tout prouve que cette stratégie est une erreur. Se "merkeliser "... Pour paraphraser Audiard, je
dirais que lorsqu'on a cette ambition là, on ouvre une épicerie, on ne gouverne pas un pays comme la France ! Les Français, désespérés par un président qui ressemble à un petit chef de bureau
tyrannique ne veulent pas de son équivalent socialiste, même en à peine moins désagréable, même en version moins bling bling. Profondément, ce pays aspire à la hauteur des ambitions apaisées,
ce que Martine Aubry, pour le moment, (et je dis bien pour le moment) n'incarne pas.
J'entends aussi souvent dire que les prémices de cette élection présidentielle 2012 ressemblent à celles de
1981, à savoir : un président en pleine dérive monarchique, empêtré dans des affaires qui n'en finissent pas, et un PS où deux candidats potentiels se disputent l'investiture.
Il existe cependant une différence fondamentale entre les deux perspectives. Michel Rocard et François
Mitterrand ne cachaient pas leur envie d'être candidat. De mars 1978 à la fin de l'année 1980, ils se sont comportés aux yeux des Français comme des candidats potentiels, désireux de s'affirmer
comme tels, développant au fil de leurs interventions publiques un projet de gouvernement porté par leur personne, ce qui est, après tout, la logique de l'élection présidentielle au suffrage
universel dans sa version française. Ce ne sont pas les Français qui vont au candidat, c'est le candidat qui va aux Français.
Aujourd'hui, ni Aubry, ni DSK ne sont pas dans cette posture. Le second est piégé par sa fonction
internationale. Et la première, au lieu de faire comme Mitterrand il y a trente ans, qui lui ne pouvait se réjouir de voir Rocard silencieux au FMI, se comporte comme si elle voulait que l'on
pense qu'elle ferait une bonne candidate sans se donner la peine de convaincre qu'elle est une bonne candidate, qu'elle porte une idée, un projet et un élan.
Hélas pour elle, pour le PS et pour la gauche, ça n'est pas comme ça que ça marche (de ce point de vue, pour
être honnête, seule Ségolène Royal a intégré cette dimension). L'histoire a déjà montré les dégâts que pouvaient causer ces candidats potentiels vers qui l'on se tourne alors qu'eux mêmes ne
sont pas déterminés à aller au peuple parce qu'ils ne veulent pas jouer le jeu imposé de l'élection présidentielle à la française. Ou ils font défaut, ou ils font une campagne à côté de la
plaque (cf Delors 94 et Jospin 2002).
Pour le moment, les Français ne voient qu'un Premier secrétaire qui se donne les moyens d'être candidat en
montant une petite magouille autour des Primaires, qui se montre avec parcimonie à la télévision et qui leur sert des discours mal dits et mal joués. Ils ne sentent nulle
envie de convaincre, d'emporter l'adhésion, de lever l'enthousiasme. On ne peut pas entrainer le peuple héritier de 1789, 1936 et 1981 en affichant le charisme d'une directrice
d'école publique des années 50 dont on devine qu'elle répondra à tout : "C'est comme ça et pas autrement".
Si le phénomène Aubry ne prend pas, c'est parce qu'il n'existe pas, parce que les Français
sentent qu'elle n'a ni ambition, ni projet, ni idée, et pire encore, ni réelle envie d'être président de la République.
Par Bruno Roger-Petit
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