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Désirs d'Avenir 76

Le PS ouvert à tous les vents

13 Septembre 2009 , Rédigé par Yvon GRAIC Publié dans #Actualité

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aubry2-600.1252787622.jpgDepuis la réunion du Conseil national de samedi, à la Mutualité, on le sait. C’est bien plus que « les portes et les fenêtres », selon l’expression consacrée, que le parti socialiste a décidé d’ouvrir. Les vasistas, la cave, l’atelier, les dépendances et même les arrière-cuisines promettent de faire passer le grand air de la rénovation à l’issue du vote militant du 1er octobre dont le questionnaire a été avalisé. Alors, bien sûr, ça grince un peu (les huisseries n’ont pas beaucoup servi dans les années 2000) et de tenaces odeurs de renfermé s’échappent çà et là… Tant d’oxygène d’un seul coup va donner le vertige à quelques uns. D’autres tordent le nez (ah, le cumul des mandats !), boudent ou se demandent jusqu’où la direction, soudain décidée à surfer sur une vague réformatrice dont elle avait longtemps sous estimé l’ampleur, est prête à aller. L’ambiance du Conseil national – plutôt clairsemé – n’était d’ailleurs pas à l’enthousiasme. On ne va quand même pas se plaindre !

Encore faut-il tenter de prendre la mesure de ce qu’implique cette grande aspiration à la transparence.

Les primaires constituent le levier le plus manifeste de ce mouvement d’ouverture. En renonçant à désigner le candidat socialiste, les militants ne donnent pas seulement les clés de la présidentielle aux électeurs de gauche. Ils leur confient aussi le soin de décider de la ligne politique du parti ; ayant reçu l’onction démocratique, le candidat investi pourra faire prévaloir sa vision programmatique. Le non-cumul constitue un autre genre d’ouverture en poussant au renouvellement des élus. Et lorsque l’on voit le nombre considérable de militants qui s’étaient manifestés lors des municipales et des européennes pour postuler à une place sur les listes, on se dit que la course sera animée. Au PS, chaque préparation d’élection ressemblera à un départ du marathon de New-York. Qu’est-ce qu’un socialiste candidat ? Un pléonasme… De même, la mise en place de contraintes réelles pour offrir des débouchés aux représentants de la « diversité » ainsi que le cap mis sur la parité systématique, y compris lors des prochaines élections législatives, force le PS à épouser les mouvements tectoniques de la société. Il était temps.

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Poussé, entre autres, par les avocats Montebourg et Mignard, le projet de créer une sorte de conseil constitutionnel au sein du PS, composé de personnalités socialistes au-dessus de tout soupçon (et non d’apparatchiks désignés par les courants) et notamment chargé d’arbitrer les conflits électoraux peut être considéré comme une tentative de sortir par le haut du pataquès – c’est bien le moins – issu de l’élection contestée de Martine Aubry. Enfin, le rôle joué par la fondation Terra Nova (suffisamment proche du PS pour être influente, suffisamment distante pour ne pas être paralysée par les enjeux solferinesques) dans le succès du concept des primaires comme moyen ultime d’en finir avec la crise de leadership marque aussi la porosité du PS aux influences extérieures. Sans parler du discours sur le MoDem qui, de son côté, évolue également.
« Nous assistons à un mouvement de démocratisation des instruments de la démocratie » assure Olivier Ferrand, président de Terra Nova, croisé lors du Conseil national. « Si tout ce qui est engagé aboutit, le PS aura pris plusieurs longueurs d’avance » ajoute-t-il. « Nous cessons d’être auto-centrés ; nous nous tournons vers l’extérieur et ce mouvement marque la fin de la conception du parti d’avant-garde » remarque de son côté le strauss-kahnien Laurent Baumel. Bref, c’est Goodbye Lenine au PS.

mannnnnuelllll.1252787837.jpgCe grand air de la modernité amène aussi, il faut l’admettre, à assumer ouvertement la démocratie d’opinion. Et à constater l’explosion en vol des quelques concepts qui cimentèrent pendant au moins une semaine la majorité issue du congrès de Reims : la célébration de l’éternel « parti de militants », l’allergie affirmée à la grande alliance avec le centre (et la schizophrénie des alliances entre le national et le local) sans oublier la pensée magique consistant à considérer que, pour s’en sortir, il suffira de revenir « aux grandes valeurs » du passé inoxydable et glorieux du mouvement socialiste français… qui n’a exercé le pouvoir qu’une grosse dizaine d’années au cours du XXème siècle.

arton11-b4cf4.1252787895.jpgCette ouverture à tous les vents ne plait pas à tout le monde. Samedi, au Conseil national, Bruno Le Roux, proche de François Hollande, y voyait plutôt un courant d’air. « Je ne condamne pas le questionnaire qui sera soumis aux militants mais je le considère plus comme une fuite en avant qu’une remise au travail du parti » estimait-il. La veille, dans Libération, Henri Emmanuelli expliquait, à propos des primaires, que « ce sera un pas de plus vers un mouvement épisodique de supporteurs, comme le parti démocrate américain qui n’existe d’ailleurs qu’au moment des primaires ». Remarquons qu’il n’est pas du tout sûr que le parti démocrate ait, ces dernières années, produit moins d’idées que le PS français… Et qu’en tout état de cause, le Parti démocrate a été capable de désigner Barack Obama et de faire prévaloir la vision politique qui est la sienne.

Jean-Michel Normand

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Si le PS ne s'ouvre pas aux autres partis de gauche, au MODEM et aux vert, ce parti est mort.Salutations socialistes.                Claude    Souillard
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