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Désirs d'Avenir 76

L'euro menacé

30 Juin 2009 Publié dans #Europe

http://medias.lemonde.fr/mmpub/img/lgo/lemondefr_pet.gif  Edito du Monde

La France et l'Allemagne offrent aujourd'hui un triste spectacle. Celui de la désunion.

Au moment même où Nicolas Sarkozy explique aux Français que la rigueur "a toujours échoué", l'Allemagne inscrit dans sa Constitution une disposition passée étrangement inaperçue de ce côté-ci du Rhin : à partir de 2016, le déficit public ne pourra pas excéder 0,35 % du PIB, et tout budget devra être équilibré à partir de 2020.

On pourrait être tenté de croire que tout cela est bien loin et qu'Angela Merkel cherche avant tout à rassurer ses concitoyens au moment où les déficits publics dérapent. Peut-être. Néanmoins, pour modifier ce texte, il faudra l'accord des deux tiers des parlementaires. Angela Merkel est donc en train d'imposer à ses successeurs une politique de rigueur pour les décennies à venir. Cyniquement, cela peut être une bonne nouvelle pour la France. Puisque Berlin sera de moins en moins endetté, les investisseurs n'auront d'autre choix que de se précipiter sur les bons du Trésor émis par Nicolas Sarkozy et ses successeurs.

Se réjouir serait pourtant faire preuve d'une redoutable myopie. Si l'orthodoxie allemande à venir peut rassurer au moment où la plupart des Etats s'endettent à tout-va, elle signifie que l'Allemagne entend privilégier encore davantage son équilibre budgétaire au détriment de son rôle de locomotive économique de l'Europe. Bref, ne comptons pas trop sur Berlin pour réduire demain notre déficit commercial ou relancer notre croissance.

Mais il y a plus grave : combien de temps un couple dont un membre est régulièrement surendetté et l'autre connu pour son avarice peut-il avoir un compte en banque en commun ? Même si, à terme, la réalité est moins caricaturale que les intentions aujourd'hui exprimées le laissent présager, la France et l'Allemagne mènent et vont mener des politiques économiques très différentes, voire opposées. Cela est-il compatible avec une monnaie commune ? A court terme, sans doute. A plus long terme, c'est moins sûr. Alors que la France risque à nouveau d'être tentée par un regain d'inflation et un euro faible, l'Allemagne fera de la stabilité des prix l'alpha et l'oméga de sa politique économique.

On ne peut donc que souhaiter beaucoup de courage à Jean-Claude Trichet, à José Manuel Barroso et à leurs successeurs à la Banque centrale européenne et à la Commission de Bruxelles pour maintenir un embryon de politique économique commune, tant les deux principaux protagonistes semblent aujourd'hui privilégier le chacun pour soi.

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J
Bonne Analysej'observe ce sujet depuis novembre 2008http://ouvronslaporteoceane.blogspot.com/2008/12/copoh-de-la-crise-financire-la-crise.html 
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