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Désirs d'Avenir 76

Des primaires ouvertes pour la présidentielle de 2012 : un électrochoc salutaire ?

15 Juin 2009 , Rédigé par Yvon GRAIC Publié dans #Débat

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AU PARTI socialiste, les primaires ouvertes ne sont plus l'objet d'un débat entre initiés. Une semaine après la déroute des élections européennes du 7 juin, la question s'est imposée comme le premier enjeu de la refondation du PS. Pour ses partisans, ce processus visant à confier aux sympathisants de gauche le soin de désigner le candidat à l'élection présidentielle de 2012, constituerait un électrochoc salutaire. Ses détracteurs refusent de voir le PS s'engager dans un processus qu'ils jugent aléatoire.

Présidée par Arnaud Montebourg, la commission qui travaille depuis plusieurs mois sur la question s'est prononcée, le 10 juin, en faveur d'une telle consultation. Seul, le représentant de François Hollande a voté contre. Celui de Laurent Fabius n'a pas participé au vote.

Le principe. Il s'agit de s'inspirer des primaires organisées aux Etats-Unis pour désigner les candidats démocrate et républicain, mais aussi des pratiques mises en oeuvre par les partis de gauche en Italie et en Grèce, notamment.

L'idée est d'appeler tous les électeurs qui le souhaitent à s'inscrire sur une liste électorale en versant un droit d'inscription de quelques euros. Jusqu'à quatre millions de personnes pourraient participer à cette consultation, ce qui réduirait les risques de voir des électeurs de droite tenter de peser sur le scrutin.

" Les primaires ne limitent pas à désigner un candidat mais constituent l'instrument d'un projet, insiste la députée Aurélie Filippetti. Elles doivent permettre, par la confrontation des propositions, de trancher les questions qui font débat. "

Les objectifs. Cet exercice doit constituer un vaste levier populaire en faveur d'une candidature de gauche face à Nicolas Sarkozy. " On pourrait espérer se hisser en tête au premier tour, ce qui représente un avantage considérable dans une élection présidentielle ", estime Olivier Ferrand, président de Terra Nova, la fondation qui a initié le débat sur les primaires.

A l'opposé, certains, rue de Solferino, redoutent qu'une telle compétition n'ouvre une longue et conflictuelle période de confrontation. Et refusent que l'on ôte aux militants la responsabilité de désigner le candidat socialiste.

Les options. " Il faut parler sérieusement des primaires, en examiner avec soin les avantages et les inconvénients car les questions soulevées ne sont pas minces ", prévient l'historien Alain Bergounioux, membre de la direction du PS, qui est très perplexe sur le sujet. Il faudra définir les critères de présélection des candidats, mettre au point l'organisation pratique du vote, constituer dans la transparence les listes électorales, définir un calendrier qui devra s'étaler sur au moins deux ans et s'articuler avec celui du PS.

Pour l'heure, la question principale porte sur le périmètre des primaires, c'est-à-dire leur extension à l'ensemble de la " gauche de gouvernement " ; PS mais aussi PCF, Parti de gauche, Radicaux de gauche, Verts, Mouvement républicain et citoyen.

Le PS - qui est a priori le parti favori de primaires ouvertes - devra convaincre ses partenaires de renoncer à une aventure présidentielle, leur réserver nombre de circonscriptions législatives et négocier avec eux un accord programmatique.

Les" pour ". Les " quadras " du PS réclament des primaires ouvertes qu'ils considèrent comme le seul moyen de déverrouiller la compétition interne. " Il ne s'agit pas d'une technique de désignation, mais d'une vision politique, assure Arnaud Montebourg. Ceux qui sont contre vivent dans un monde révolu. " Vincent Peillon et Benoît Hamon y sont favorables, comme Pierre Moscovici, qui lance une pétition. Manuel Valls a déjà annoncé sa candidature. " Si on ne me prouve pas qu'un autre socialiste peut mieux que moi porter le renouvellement - et pour l'instant je ne vois pas -, je porterai ces idées moi-même ", a-t-il indiqué au Journal du dimanche.

En règle générale, les dirigeants socialistes qui jouissent d'une certaine popularité dans l'opinion réclament de telles primaires. C'est le cas des partisans de Dominique Strauss-Kahn, et, depuis longtemps, de Ségolène Royal. Bertrand Delanoë, hier assez opposé, a assoupli son point de vue.

Les " contre ". A contrario, les laissés-pour-compte des sondages y sont hostiles. C'est le cas de François Hollande et de Laurent Fabius. De leur côté, les fidèles de Lionel Jospin refusent de voir émerger un " parti de supporteurs ". Quant à Martine Aubry, sa culture politique la range parmi les opposants. Dans les semaines qui viennent, les partisans de primaires vont faire pression sur la direction du PS.

Dans le prolongement du rapport Montebourg, publié dans les prochaines semaines, ils comptent réclamer l'organisation rapide d'un référendum parmi les adhérents du PS.

J.-M. N.

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