Ségolène Royal quitte le PS pour fonder le parti de l’avenir
C’est par le biais des courriels que l’info a été divulguée,
suite à une confession d’un proche de Ségolène Royal qui bien évidemment, se prépare à rejoindre la future candidate dans cette formation au dénominatif très parlant. Le « parti de
l’avenir ». Voilà un mot qui résonne et même détonne d’autant plus que l’époque est à la morosité, la mélancolie, le souci de conserver un monde dont on sait pertinemment qu’il ne reviendra
plus. Le parti de l’avenir résonne parfaitement dans l’entendement du militant ou du sympathisant socialiste. Faut-il rappeler que le mouvement créé par Mme Royal se dénommait désir d’avenir
et que la gauche, qu’elle soit radicale socialiste, radicale cassoulet, jaurésienne ou mendésienne, mitterrandienne ou rocardienne, a toujours voulu représenter aux yeux des citoyens français le
progrès, l’aspiration vers un monde meilleur, le souci d’une nation où les mots fraternité et égalité ne sont pas vains et doivent être incarné par des mouvements politiques puissants, capable de
transformer une société encline aux profits sans partage et à l’exploitation des faibles. La gauche c’est aussi la défense des idées sociales nouvelles, la liberté des ondes, le pacs, la
réduction du temps de travail et naguère, les congés payés, qui rappellent la courte épopée du Front populaire.
Epopée, voilà un mot qui dit bien ce sont Ségolène Royal porte le dessein. Une épopée
personnelle, une aventure dans l’Histoire, une rencontre d’une épopée personnelle avec une épopée d’un peuple, pour paraphraser un bon mot de Dominique de Villepin. Cette décision de quitter le
PS est pour ainsi dire, naturelle. Jean-Luc Mélenchon avait tiré le premier, en créant le parti de gauche. Mais avec Royal, c’est du sérieux, car la Présidente du Poitou dispose d’un capital de
confiance conséquent auprès des Français. Les mécréants dont je suis pensent que c’est un coup de poker mené par une aventurière mais stratégiquement, c’est bien joué. Au parti socialiste, tout
le monde se doute évidemment de l’élément déclencheur, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, doux euphémisme s’il en est car de vase débordant, il n’y eut point mais de Zénith vide à
effrayer le quidam agoraphobe, il fut question. Comment admettre en effet que Mme Royal, qui réussit parfaitement son show au Zénith, remplissant la salle, galvanisant le militant abreuvé,
enivré de paroles d’avenir par la madone sonnant telle une Obama girl, puisse se trouver évincée par une Martine Aubry qui n’a réunit que mille personnes au Zénith ? Parfois, l’orgueil se
justifie. Un second dans un championnat de formule I n’accepterait pas d’être évincé de son écurie par le vainqueur du trophée Andros.
Il est certain que cette démission ne va pas arranger les affaires du PS mais
franchement, quel était l’intérêt pour Mme Royal de rester dans cette formation, sans aucun rôle déterminé, devant lever le petit doigt pour intervenir, sous surveillance constante de
l’appareil. Ségolène ne voulait pas d’un destin à la Adjani qui, faute de tourner et de se voir offrir des premiers rôles par des grands réalisateurs, a fini par se refaire une santé en tournant
dans un téléfilm formaté pour Arte. Ségolène ne se voyait pas en journée de la jupe au carnaval de Dunkerque, alors que Martine se serait pavanée devant le perron de la mairie de Lille, lançant
ses tirades présidentielles devant un parterre de journalistes patentés, mais sans doute, clairsemé. Le parti socialiste vit peut être sa longue agonie, comme naguère le parti communiste. Il faut
dire que la trahison des Lang, Rocard, Kouchner et Besson n’a pas arrangé l’image d’un parti censé représenter les valeurs de gauche et la vertu, mais dont quelques dirigeants ont donné l’image
de notables prêts aux compromissions pour disposer d’un rôle dans l’appareil du pouvoir actuel avec le Président que l’on connaît.
Ayant pu joindre par courriel un membre du PS bien au fait de ce parti, il se confirme
que cette décision d’ex candidate de 2012 était attendue depuis quelques jours. Des rumeurs circulaient au sein de l’appareil. Alors que le mot d’ordre adressé par la direction aux communicants
du PS c’est, silence radio. Le parti a en effet décidé de jouer la stratégie du silence et de ne faire aucun commentaire sur cette défection au sein du PS, pour ne pas donner de publicité à
l’événement. Consigne a été donnée de ne répondre à aucune question, ni aucune sollicitation provenant des médias. Mme Royal ayant décidé de prendre ses distances, le PS ne fera aucune
déclaration sur cette ancienne dirigeante qui ne fait désormais plus partie de la formation socialiste dont on connaît les difficultés à se positionner comme alternative à l’équipe
gouvernementale dirigée par Sarkozy.
Ségolène Royal n’a rien à perdre dans cette aventure. Au moins, elle sera visible dans
les médias comme la tête d’une mouvance, d’un parti de l’avenir censé redonner espoir aux Français, et non pas comme une potiche d’un parti conduit par une godiche, et que la presse traque pour
la surprendre en compagnie d’un amant, sur le pont des arts, ou la plage de Marbella. Quand bien même Royal parviendrait à structurer son parti et en faire une formation pouvant participer à la
politique nationale, on imagine mal qu’elle puisse l’emporter en 2012 dans le contexte de marasme économique actuel. Laissons-là aux éditorialistes en mal de sujets, aux animateurs de télé en
quête d’audimat, aux journaux cherchant des lecteurs, aux faiseurs de scoop. Il y a bien longtemps que l’image du politique s’est détériorée dans l’esprit des Français. Le printemps arrive, avec
ses week-ends prolongés. On ne vit qu’une fois. Les Français pensent au premier mai et à prendre repos et soleil pour oublier la crise.
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