Non seulement le congrès de Reims aura été une calamité pour tous les gens de gauche, mais encore il aura démontré combien le PS est devenu un parti antidémocratique et exsangue. Les couches les plus démunies de notre population, toutes celles et tous ceux qui aiment la gauche, sont bien tristes aujourd'hui.

Alors donc, trois candidats pour un seul poste : le Premier secrétariat du PS. Commençons - ces dames ne m'en voudront pas - par B. Hamon. Le jeune loup déjà vieux, qui a montré son habileté politique dans ce congrès, se dit sûr d'être le prochain Premier secrétaire du Parti. Ce serait calamiteux pour la gauche.

En effet, la place est déjà prise. Avec O. Besancenot et son NPA et J-L. Mélenchon - qui vient de claquer la porte du PS pour créer le Parti de Gauche (PG) sur le modèle allemand d'O. Lafontaine. On voit mal comment cette option pourra trouver une majorité au sein du PS, quand on sait que B. Delanoë ne veut pas discuter avec B. Hamon. On voit mal aussi H. Emmanuelli prendre la direction du PS aujourd'hui, même si H. Emmanuelli a quarante ans et qu'il est brun aux yeux bleus.

Vient ensuite M. Aubry. "Plus à gauche que moi, tu meurs !" Elle n'avait pas prévu de se présenter, mais voyant B. Delanoë rejeter la candidature Hamon, elle y est finalement allée. Elle a décidé cela cette nuit et a écrit à la hâte un discours que G. Mollet - dans sa tombe - a dû applaudir. Là aussi, ce serait une calamité pour la gauche.

Réunissant sur son nom L. Fabius et une partie des strauss-kahniens, on ne savait pas qu'elle était aussi douée pour le grand écart. En réalité, sa haine de S. Royal est telle qu'elle est prête à sacrifier le PS plutôt que de voir l'ex-candidate l'emporter. Elle espère voir les delanoïstes voter pour elle jeudi prochain mais franchiront-ils cette étape ? La motion Aubry réunit des gens tellement différents que le PS deviendrait ingérable.

Enfin, la candidature "naturelle" de S. Royal. Oui "naturelle" car en étant en tête des suffrages le 6 novembre dernier, elle était légitime. Or, à quoi avons-nous assisté ? A un refus de discuter avec elle. Lors de la commission des résolutions, les trois autres motions ont d'entrée de jeu affirmé qu'il était hors de question de saisir la main tendue par elle ; elle était disqualifiée d'avance, sans même avoir pu parler !

Restent donc les militants qui, pour la plupart, n'étaient pas à Reims et qui ont assisté à cette foire d'empoigne. Ils ne sont pas idiots, ils devraient l'élire. L'élire tellement bien que je ne suis pas sûr qu'il sera nécessaire de convoquer un deuxième tour vendredi prochain. Car - c'est l'ambiguïté du PS - si S. Royal l'emporte, ce sera largement. Elle devrait - à mon sens - retrouver quasiment son score de 2006.

On peut penser légitimement que nombre de delanoïstes voteront pour elle. C'est d'elle qu'ils se sentent le plus proches (et les militants surtout). Ce que n'ont pas compris les dirigeants et les congressistes, c'est que le pouvoir se trouve en réalité dans le secret de l'isoloir des sections socialistes.

S. Royal a montré son courage ces trois derniers jours. En rejetant la main qu'elle tendait, les militants - médusés - ont pu voir la vanité et la vacuité des autres motions. Certains d'entre eux se sont sentis trahis par ces attitudes et ces sifflets.

Dans le cas où la présidente de la région Poitou-Charentes n'était pas désignée, il faudra en tirer toutes les conséquences, à savoir, quitter le PS. On ne pourra pas exister dans un tel parti si la démocratie et les suffrages des militants, le 6 novembre, n'étaient pas respectés.

Que dit d'ailleurs, J-L. Mélenchon ? Il est sidéré de voir ce TSS, il ne comprend pas pourquoi l'on a refusé de discuter autour de la motion de S. Royal arrivée en tête. C'est du jamais-vu. Plus drôle, E. Besson est sur cette même ligne ! C'est dire si le comportement irrationnel des dirigeants socialistes des motions Aubry-Delanoë-Hamon subjuge les Français !

Courage Ségolène. Attendons encore une semaine. Et si les manoeuvres l'emportent, alors, il faudra que tu t'en ailles. Car tu ne pourras pas mettre en péril ton avenir, celui de la gauche et de la France, dans un parti aussi décrédibilisé et voué à disparaître. Et tu ne seras pas seule.