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Désirs d'Avenir 76

Le Prix Nobel Albert Fert plaide pour une recherche libre

25 Octobre 2007 , Rédigé par Yvon GRAIC Publié dans #Recherche

Couronné par le prix Nobel de physique 2007 pour ses travaux sur la magnétorésistance géante, qui ont permis de multiplier par cent les capacités de stockage d'informations des ordinateurs, Albert Fert plaide pour une recherche consciente des enjeux de société, mais libre dans sa démarche.

Tous les ordinateurs utilisent le principe de «magnéto résistance géante», première application des nanotechnologies découvertes par Albert Fert.

Auriez-vous décroché le Nobel avec le financement de la recherche sur projet que met en place le gouvernement ?

Non, s'il n'y avait eu qu'un financement sur projet. Quand j'ai commencé mon travail, une étape importante a été - après avoir établi un certain nombre de bases théoriques - de me lancer, avec un collègue de Thomson-CSF, dans un projet un peu aventureux : essayer de fabriquer des multicouches magnétiques. Ce travail a débouché sur la découverte de la magnétorésistance géante, mais, au départ, c'était un projet à risque dont personne ne pouvait savoir s'il allait aboutir. Le CNRS l'a financé, parce que cet organisme est capable de discuter avec les chercheurs et de les accompagner. Une agence de financement sur projet, elle, ne l'aurait jamais retenu : c'était à l'époque un sujet trop marginal et loin des thèmes à la mode.

Le rôle de l'Agence nationale de la recherche est pourtant de financer des projets innovants...

Une agence de financement est un instrument intéressant, pour booster certaines directions de recherche et soutenir les bonnes équipes. Mais elle choisit des thèmes, elle sélectionne des orientations. Le CNRS, lui, est en contact plus direct avec les chercheurs, ce qui lui permet d'être réactif sur des sujets nouveaux qui n'auraient pu être définis à l'avance. Une agence et un grand organisme n'ont pas la même fonction.

 

Le CNRS craint d'être transformé en agence de moyens finançant la recherche menée dans les universités, sans politique scientifique autonome. Que dites-vous au gouvernement ?

Qu'une réforme du système de recherche ne doit pas être dictée par des motivations idéologiques. Le CNRS a un rôle de coordination nationale, de stratégie à long terme, de gestion de grands instruments et de soutien de chercheurs sur des projets à risque, toutes tâches qu'il est seul à pouvoir assumer.

Gardons-nous de détruire cet outil, auquel notre pays doit la qualité de sa recherche ! Les crédits n'ont pas toujours été suffisants, mais le rapport qualité-prix y est excellent. Les derniers Prix Nobel français en physique - Pierre-Gilles de Gennes, Georges Charpak, Claude Cohen-Tannoudji et moi-même - ont tous accompli une partie importante de leur carrière, soit au CNRS, soit dans un laboratoire mixte CNRS-université.....Le texte intégral ici

 
Propos recueillis par Pierre Le Hir
 

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