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Désirs d'Avenir 76

Indéfendable

24 Janvier 2010 , Rédigé par Yvon GRAIC Publié dans #Economie

http://medias.lemonde.fr/mmpub/img/lgo/lemondefr_pet.gif Editorial

La décision d'Henri Proglio, PDG d'EDF et président du conseil d'administration de Veolia, de renoncer aux indemnités qu'il aurait dû percevoir de cette dernière entreprise ne règle pas tous les problèmes qu'a soulevés cette pitoyable affaire. Bien au contraire.

Le premier problème est purement politique. Alors que Nicolas Sarkozy s'apprête à débattre, lundi sur TF1, avec dix "Français qui souffrent", ne pas avoir perçu dès le départ que ce cumul allait être perçu par l'opinion comme scandaleux révèle une faille dans le dispositif gouvernemental. Un faux pas d'autant plus étonnant qu'il intervient après la tentative tout aussi mal gérée d'installer Jean Sarkozy à la présidence de l'Etablissement public d'aménagement de la Défense.

Le deuxième problème est managérial. Rapide à pourfendre, à juste titre, les rémunérations des traders et des banquiers, le président de la République a accepté que la nomination de M. Proglio s'accompagne d'une augmentation de 40 % du salaire du PDG d'EDF. Certes celui-ci était l'un des moins bien payés du CAC 40. Mais l'Etat employeur est-il obligé de céder à la course à l'échalote ? Inévitablement, les largesses dont bénéficie M. Proglio vont se répercuter d'abord sur ses adjoints puis dans les autres entreprises publiques. Elles symbolisent donc les limites de la parole présidentielle dans ce domaine symbolique de l'augmentation des inégalités qu'est la rémunération des dirigeants.

Le troisième problème concerne la stratégie industrielle. Tout travail mérite salaire. Si le principe de la double rémunération d'Henri Proglio posait un tel problème, c'est surtout parce que sa double fonction n'a jamais convaincu. Si les deux entreprises n'ont aucun intérêt en commun, il n'y a aucune raison que le PDG d'EDF se disperse. Le cas échéant, la seule justification de la double casquette de M. Proglio serait que l'Etat envisage de fusionner les deux groupes. Encore faut-il qu'il le dise. Cela est d'autant plus urgent qu'il est impensable de vouloir à la fois marier l'eau de Veolia et l'énergie d'EDF, et parallèlement, affirmer comme le fait M. Proglio qu'EDF doit être le chef de file de l'ensemble de l'industrie nucléaire française. Entre les deux stratégies, l'Etat doit choisir.

Au lieu de convoquer le PDG de Renault (dont l'Etat n'est qu'un actionnaire minoritaire) pour lui faire la leçon et lui indiquer où il doit construire sa future Clio, Nicolas Sarkozy serait davantage dans son rôle de président de la République en définissant la stratégie énergétique de la France.

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