Ecologie : ce gâchis trés Joly
C’est fini. Mais avant d’exploser en vol , la candidature Eva Joly avait déjà donné tout ce qu’elle pouvait donner : une thématique axée à 99,8% sur la seule sortie du nucléaire et un accord sur un groupe parlementaire EELV.
Au fond, la direction du Parti écologique vient d’encaisser les royalties de l’engagement des ... verts pionniers des seventies et eighties et du 16% des votes de Daniel Cohn Bendit aux dernières élections européennes de 2009.
La tire lire était déjà vide. Maintenant, elle est cassée.
Et rien, pas une seule des idées nouvelles travaillées depuis par la mouvance écologique sur la transition industrielle verte, sur la réforme institutionnelle permettant de garantir l’intérêt du long terme, sur le défi des matières premières bio-sourcées, sur la santé et les nouveaux risques environnementaux, sur la rénovation thermique du bâtis qui est la clé de voute de notre indépendance énergétique, sur le sauvetage de l’industrie par les produits verts, ou sur la réforme de l’agriculture n’est arrivé jusqu’aux oreilles des français.
Et ce n’est pas Cécile Duflot qui aura donné un coup demain toute concentrée sur la cuisine des sièges, - à commencer par le sien parachuté aux petits oignons -, dans chacune de ses interventions. Inaudible. Si elle croit que les lauriers dont l'affuble la presse politique pour ses qualités tacticiennes vont lui amener trois votes de plus en Moselle ou à Tourcoing, elle se trompe. Ou plutôt non puiqu'elle a d'ailleurs sagement choisi les électeurs parisiens pour parler "social- ecologie".
Même la rediffusion d’un discours de René Dumont en noir et blanc de 1974 paraitrait plus riche plus frais et plus imaginatif que les prestations de Duflot.
On pourra se consoler en soulignant que dans l’accord passé avec le PS, les grands choix écologiques – la contribution énergie-climat, le transport, la réorientation de la recherche- soient actés. Mais que devient un papier quand l'un des des deux signataires pèse moins de 5% des voix ? Ou 0% parcequ'il a disparu en route ? Un chiffon ou une cocotte.
Au mieux un document d'archive.
C’est d’ailleurs ce que François Hollande fait dire partout. Il n’est qu’à lire l’éditorial de Jacques Julliard, anti écolo viscéral, dans Marianne cette semaine. Il y décrit le parti écologique comme Mitterrand parlait du Parti Communiste : un allié monomanique qu’on achète pour un plat de lentilles, qu’on fait rissoler dans ses slogans et dont on picore les morceaux une fois au pouvoir.
Que le Ps ne se réjouisse tout de même pas trop car si son programme à lui fut si poreux aux idées écolos lors des négociations, c’est aussi qu’il est plein de trous. Un programme éponge, est-ce vraiment un programme ?
Bien triste, car les questions écologiques, une fois l’élection passée, vont revenir durement dans l’actualité. Pas seulement le réchauffement mais aussi la raréfaction des matières premières, la hausse du pétrole, notre éviction de la compétition des énergies renouvelables qui connaît pourtant une croissance à deux chiffres ou encore la non-croissance annoncée pour la décennie qui est somme toute pas si éloignée de la décroissance.
Dans le débat à couteaux tirés entre sortie et permanence du nucléaire, personne, ni au Ps , ni bien sûr à EEELV, n’a évoqué le cas suédois. Ce pays, frontalier de la patrie norvégienne d' Eva Joly, qui avait voté la sortie du nucléaire puis a finalement gardé ses centrales sauf deux réacteurs comme socle de la reconversion énergétique de toutes ses autres énergies. Electrique mais aussi fossiles. La rente nucléaire lui permet en effet de financer un plan gigantesque pour décarboner à tout va tout ce qui n’est pas nucléaire.
Un exemple à suivre ? Peut-être. Peut-être pas. Une idée en tous cas.
Guillaume Malaurie http://planete.blogs.nouvelobs.com/about.html
Commenter cet article