Document de travail adressé par Ségolène Royal au Climate Group lors du sommet mondial sur le climat de Cancun au Mexique (03/12/10)
Sommet mondial sur le climat
Cancun 29 novembre au 10 décembre 2010
Document de travail adressé au Climate Group par Ségolène Royal,
Ancienne Ministre de l’Environnement, Présidente de la Région Poitou-Charentes,
Présidente de l’Association internationale des Régions francophones
Mesdames, Messieurs,
Cher collègues et cher amis,
Je suis particulièrement heureuse de m’adresser à une assemblée qui regroupe des collectivités territoriales très engagées dans la lutte contre le changement climatique et des entreprises qui ont, elles aussi, un rôle majeur à jouer pour que nous réussissions la conversion écologique de nos économies et de nos sociétés.
J’étais en 1992 au Sommet de la Terre de Rio où, jeune Ministre de l’Environnement, je représentais la France aux côtés du Président François Mitterrand.
Ce fut l’amorce d’une prise de conscience planétaire et d’une action concertée des nations.
Cela fera bientôt 20 ans et je mesure, malgré les retards pris, le chemin parcouru, dans les têtes et dans les faits.
I.- Pas de pessimisme : la prise de conscience est générale
Bien sûr, au regard de l’urgence écologique et de ce que nous savons de l’accélération de la dégradation de notre environnement, la mobilisation mondiale nous semble encore trop lente, trop hésitante, trop entravée de soupçons et de querelles qui font obstacle aux coopérations nécessaires.
Bien sûr, Copenhague, malgré l’espoir soulevé, fut décevant.
Et sans doute le Sommet de Cancun ne sera-t-il qu’une étape sur une route scandée par d’autres rendez-vous, dont celui de l’an prochain en Afrique du Sud.
J’espère toutefois que les Etats ici réunis dans le cadre multilatéral de l’ONU auront à cœur de conclure ce qui peut l’être et d’avancer sur les questions de la biodiversité, de la lutte contre la déforestation, des transferts de technologie, du Fonds Vert et des financements innovants dont le monde a besoin pour hâter l’avènement d’une justice climatique nouant solidement les dimensions écologiques, économiques et sociales de la protection de notre biosphère.
Je sais les raisons que l’on pourrait avoir de céder au pessimisme en constatant le décalage entre ce que nous savons et ce qu’ensemble nous peinons à faire.
Mais y céder serait une erreur de perspective et même une démission.
Je préfère prendre la mesure de ce qui s’est accompli.
Et plus encore de ce qui s’accomplit aujourd’hui, sur le terrain, et prouve l’étendue du possible.
Premier constat encourageant : la prise de conscience est aujourd’hui générale. Du côté des gouvernements, des mouvements sociaux, des sociétés civiles. Aucun Etat n’y échappe et même les plus rétifs aux accords internationaux contraignants engagent, à l’intérieur de leurs frontières, des politiques de plus en plus volontaristes.
Quant aux citoyens, ils perçoivent très bien que ça ne peut plus continuer comme avant. Tout particulièrement les jeunes générations, très sensibilisées à la menace climatique comme aux conséquences sanitaires et sociales des pollutions multiples issues de l’activité humaine, a fortiori quand domine la recherche exclusive du profit à tout prix.
Là est le premier acquis.
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