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Désirs d'Avenir 76

La «Maison commune» d'Aubry fait un flop à gauche

14 Juillet 2009 , Rédigé par Yvon GRAIC Publié dans #Actualité

http://www.mediapart.fr/sites/all/themes/mediapart/mediapart_v2/images/mediapart_head.png

Par Stéphane Alliès

La «maison commune» souhaitée par Martine Aubry passera-t-elle l'été? Ce vendredi, la première secrétaire du parti socialiste a envoyé un courrier aux autres partis de gauche (sauf le NPA et LO), afin de «surmonter les divisions de nos mouvements» et de «convaincre les Français que nous incarnons, ensemble, une alternative solide et durable pour bâtir un autre modèle de développement, un nouveau modèle de société, un nouveau monde».

Lors d'un point-presse à l'issue du séminaire de travail de Marcoussis, mardi, elle avait également estimé que ce n'était pas «le moment de se poser la question d'une alliance au premier tour avec le MoDem», espérant parvenir à reconstruire la gauche plurielle défunte. Ne rappelle-t-elle d'ailleurs pas dans sa lettre «que c’est toujours en étant unis que nous avons connu nos plus belles victoires au service de nos concitoyens, en 1936, en 1981 et en 1997, mais aussi récemment nos plus belles victoires locales»?

Pourtant, la main tendue a de fortes chances de faire long feu. Déjà, plusieurs dirigeants socialistes ont multiplié les appels à l'union dès le premier tour des prochaines régionales (Benoît Hamon -ici-, Harlem Désir -ici-, Jean-Marc Ayrault -ici-), subissant autant de fins de non-recevoir un peu humiliantes. Daniel Cohn-Bendit allant même jusqu'à dénoncer ce vendredi ces socialistes qui «nous cassent les pieds». Froissés, Hamon comme Ayrault ont pris acte et ruminent leur désavœu (le premier sur son blog, le second dans un «courrier»).

Fort de son succès électoral, Europe Ecologie entend surfer sur sa dynamique en affichant une autonomie dans toutes les régions (lire notre reportage), allant même jusqu'à s'inscrire dans une stratégie de recentrage/débauchage, ouvrant ses bras aux amis de Corinne Lepage, comme au Pôle écologique du PS (qui dit avoir «bien reçu le message», dans nos colonnes). Pour autant, comme le rappelle Henri Emmanuelli à Mediapart, «il faut faire très attention avec les scores des européennes. J'ai encore en tête les fanfaronnades de Brice Lalonde en 1994, quand il m'a annoncé que nos courbes allaient se croiser dans les urnes. Il est où maintenant, Brice Lalonde?».

Cette semaine, l'ambition verte a connu sa première brèche avec le départ de la députée Martine Billard (ainsi que le philosophe Paul Ariès) pour le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier apparaît aujourd'hui au centre du jeu, à la gauche du PS, comme pivot d'un nouveau Front de gauche qui continuerait à «snober le PS», qui irait du NPA jusqu'aux communistes, en passant par les autres micro-organisations réunies dans la Fédération. 

Problème, aucune des composantes n'a la même approche stratégique. Olivier Besancenot se dit prêt à une «fusion technique» avec le PS au second tour, sans être membre de la majorité régionale. Mélenchon se dit prêt à une participation à l'exécutif, mais pas forcément à un accord de gestion, que privilégie encore sans le dire le PCF, qui détient un grand nombre de vice-présidents sortants. Dans Le Journal du dimanche daté 12 juillet, il affine sa position: «S'il s'agit de cautionner une comédie, je n'en suis pas. (...)  Elle écrit que nous avons déjà eu des “contacts informels”? De quoi parle-t-elle? Je n'ai eu aucun contact avec le PS depuis la fondation du Parti de gauche. (...) Bref, la lettre d'Aubry sent le double jeu.»

Le n°2 communiste Pierre Laurent indique ainsi à Mediapart qu'«il n'y a pas lieu de figer les lignes maintenant, alors qu'on peut encore les faire bouger dans les mois qui viennent». Préférant privilégier «les débats de fond sans exclure un rassemblement d'un côté comme de l'autre», il se lamente de «l'instabilité actuelle du PS, qui nous ordonne d'attendre pour y voir plus clair: dans certains endroits, on a de très bons bilans communs, dans d'autres ils sont déjà en route avec le MoDem».

Quant au président du Parti radical de gauche, Jean-Michel Baylet, il a récusé la «tentation hégémonique», qui serait «la propension naturelle du PS»: Certes, admet-il «la victoire ne peut exister qu'au prix de l'unité», mais «le rassemblement ne pourra se faire que dans le respect des alliés»: «Le manque de crédibilité du Parti socialiste et de ses dirigeants est à un tel niveau qu'il faut, sans que ce soit un préalable, que la gauche retrouve la sérénité et qu'on reconstruise une image positive aux yeux des Français.»

Absence d'autorité, bal des égos et premiers désaccords publics

Il faut dire que la dynamique électorale du PS peine à séduire, souhaitant davantage laisser du temps au temps, plutôt que d'engager une profonde et salutaire rénovation. Le scrutin municipal à Hénin-Beaumont a mis au jour l'incroyable faillite socialiste locale, pente qu'Aubry n'aura pas franchement contrariée hier, et semble ne pas franchement vouloir contrarier aujourd'hui. Comme le symbole d'une absence d'autorité locale, qui se propagerait à l'échelon national d'un parti qu'elle dirige depuis plus de six mois. Mais qu'elle ne parvient visiblement pas à remettre sur les rails. Toutefois, si les mécontentements sont nombreux, le PS semble ne même plus avoir les moyens de s'offrir une crise ouverte.

Les égos présidentiels sont toujours aiguisés. Derniers en date, François Hollande et Manuel Valls, qui viennent de fonder leurs propres clubs de réflexion, après que Pierre Moscovici se déclare candidat à des primaires. Prochainement, Vincent Peillon entend consolider le courant Espoir à gauche (lors d'universités d'été spécifiques à Marseille en août), où figurent également des proches de Ségolène Royal (qui a elle-même son propre calendrier). Quant à l'aile gauche du parti, qui peine de plus en plus à masquer son ras-le-bol de l'attentisme de la direction, elle a prévu de se réunir fin septembre pour faire le point.

Enfin, certains piliers de la majorité actuelle de Martine Aubry font publiquement état de leur désaccord, comme Bertrand Delanoë (qui ne cache plus «[sa] frustration, [son] inquiétude et même, disons-le, une forme de colère») ou Arnaud Montebourg (qui dénonce «l’immobilisme systémique d’un parti devenu très vieux»).

Au cabinet de la première secrétaire, on semble comme résigné devant le rejet suscité par l'offre d'Aubry pour les régionales. «Disons qu'on acte le désir d'autonomie de chacun, explique l'un de ses conseillers, tout en continuant de proposer une démarche la plus unitaire possible, toujours sans préalable ni exclusive. L'idée, c'est de créer des marqueurs dans la tête du peuple de gauche de ce que pourrait être une majorité régionale. Faute de mieux, on va essayer de mettre en avant une complémentarité plutôt qu'une concurrence.» Pourtant, ils sont nombreux chez les socialistes à redouter de ne plus être en tête à gauche dans de nombreuses régions, à l'issue du premier tour, en mars prochain.

Pour tenter de sauver les apparences, la direction socialiste a prévu de convier ses «partenaires» à ses différents rendez-vous de «travail» (assises des territoires, journée sur l'emploi, convention sur l'économie). Au moins espère-t-elle demain avoir plus de chance d'être entendue, et de ne plus apparaître comme un repoussoir pour des partis qui rêvent de contester son leadership, aujourd'hui bien fragilisé.

Première crise à la direction du PS: Arnaud Montebourg menace d'en appeler aux militant

Vives tensions entre Martine Aubry et son secrétaire national à la rénovation. Dans le dernier numéro de sa Lettre de la rénovation (lire en cliquant ici – PDF), le député Arnaud Montebourg ne mâche pas ses mots à l'encontre de «l’immobilisme systémique d’un parti devenu très vieux». Objet de son courroux: l'enterrement du dossier des primaires, qu'il porte depuis quatre mois à la tête d'un groupe de travail ayant rendu un long rapport à la première secrétaire du PS il y a deux semaines.

Dans sa lettre, Montebourg rappelle que «cette promesse était annoncée dans pratiquement toutes les motions présentées au congrès de Reims», mais remarque: «Le parti hésite comme à chaque fois que, depuis dix ans au moins, il a dû constater les progrès de sa propre mise en crise.» Et de regretter qu'«aucun débat sur les primaires n’est programmé ni au bureau national ni à l’université d’été de La Rochelle». Selon nos informations, le député et président du conseil général de Saône-et-Loire pourrait d'ailleurs profiter des retrouvailles charentaises du PS à la fin août pour tenir des débats "off" sur la question.

En cause, la place des primaires dans le calendrier de travail peu à peu esquissé par Martine Aubry (lire nos articles ici et ici): «Une Convention sur la rénovation est annoncée pour les lendemains des régionales, ce qui signifie que son organisation n’aboutira pas avant l’automne vu le temps nécessaire pour le débat. C’est acter une forme d’enterrement tant il est vrai que plus nous nous rapprocherons de l’échéance des présidentielles, plus les primaires seront à la merci de manipulations par les candidats.»

Alors, Montebourg laisse entendre qu'il pourrait chercher à contourner l'opposition de la direction, en s'appuyant sur les militants. Pour cela, il évoque «la mise en œuvre de l’article 6.11 des statuts du parti qui prévoient qu’"à la demande de 35 fédérations ou d’au moins 15% des adhérents, le Conseil national peut décider, après en avoir débattu sur le fond et à la majorité qualifiée des deux tiers de ses membres, d’organiser une consultation directe des adhérents"».

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S
Faut-il refonder la maison commune ???NON ! Les fondations (les militants) sont bonnes et solides... C'est la haut de la maison qui s'effrite de jour en jour ! Alors, qu'attendons nous ?
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