Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Désirs d'Avenir 76

François Rebsamen: «Le PS a tout fait à l'envers»

8 Juin 2009 , Rédigé par Yvon GRAIC Publié dans #Espoir à Gauche

http://www.mediapart.fr/files/imagecache/225_pixels/St%C3%A9phane+Alli%C3%A8s/images.jpghttp://www.mediapart.fr/sites/all/themes/mediapart/mediapart_v2/images/mediapart_head.png Stéphane Alliès

Proche de Ségolène Royal, François Rebsamen a un temps envisagé de faire le trait d'union avec les amis de François Hollande pour renverser Martine Aubry de la direction du PS. Rentré dans le rang, il n'en est pas moins critique envers la campagne européenne du parti dont il fut l'un des tauliers lors de l'ère Hollande. Le sénateur et maire de Dijon (Côte-d'Or) appelle, dans un entretien à Mediapart, à «une analyse partagée de la défaite» à laquelle seraient associés les militants et à plus de travail collectif au sein de la direction du parti.

Quelles sont pour vous les raisons de la lourde défaite du PS?

Il s’agit du premier échec majeur pour le PS depuis 2002 dans une élection intermédiaire. J’y vois plusieurs raisons. D’abord, je pense que le PS s’est trompé de campagne. Il s’agissait d’élections européennes et nous avons cru qu’il suffisait de faire campagne contre Nicolas Sarkozy pour attirer les suffrages des électeurs. Il y a deux partis qui sont un peu sanctionnés pour ça: le MoDem et nous. C’est d’autant plus regrettable qu’il y avait matière pour une fois à populariser des propositions communes aux socialistes des 27 pays: ce n’est pas tout de dire «Manifestons, manifestons!» Encore faut-il dire ce qu’il y a comme propositions concrètes sur l’Europe.

Le climat post-congrès de Reims semble avoir joué dans la défaite
Le congrès de Reims a pesé, bien évidemment. Mais il y a quand même des fondamentaux qu’il faut respecter dans une campagne électorale. Tout d’abord commencer par rassembler les siens et ne pas terminer par cela. Ensuite, il faut rassembler la gauche. Je note que nous n’avons même pas su rassembler les radicaux, alliés traditionnels du PS. Et puis, il faut ensuite porter une dynamique, un projet, autour de ce rassemblement, et à la fin peut-être parler de vote utile. Donc, on a tout fait à l’envers. Du vote sanction au bulletin de vote, on a eu tout faux pendant cette campagne. Il suffit de voir qu’on n’arrivait même pas à reconnaître le bulletin de vote du PS, pour saisir l’amateurisme ambiant de cette campagne.

Comment voyez-vous le conseil national de mardi?

Il faut maintenant chercher les voies pour rebondir. Beaucoup crient «Rénovation, rénovation!», comme si c’était un viatique qui permettait de répondre à la crise que connaît le PS. Moi, je pense qu’il faut d’abord avoir une analyse partagée de la situation électorale du PS, ce que nous n’avons pas: chacun a ses propres idées sur les défaites de 2002 et 2007.
Donc, je souhaite qu’un groupe de travail rende un rapport devant le conseil national, sur lequel on puisse travailler, en y associant le plus possible les militants. Parce que les grands absents de cette campagne, faute de mobilisation et de projet, ont été les sympathisants qui ne se sont pas sentis associés.
Ensuite, il faut travailler. Le PS manque, aujourd’hui, d’un leader incontesté, on le sait. Mais il est également en manque d’une vraie organisation collective où s’élaborent de manière collective les décisions après une discussion comme on n’en a plus. Et puis le PS est en manque de stratégie. Quand on n’a pas de leader, pas de stratégie et pas d’organisation, il ne reste plus que le travail.

Mais quels signes forts en attendez-vous? Martine Aubry vous a-t-elle consulté?

Martine Aubry ne m’a pas consulté mais je n’en prends pas ombrage. Je voudrais toutefois qu’elle ne consulte pas uniquement un petit cercle de dirigeants qui est autour d’elle et qu’elle ouvre la discussion dans une forme plus collective et qui associe plus nos militants qui se sentent écartés depuis le congrès de Reims. Où sont les conventions thématiques que l'on nous promettait en grand nombre? Et qu'on arrête de dire que le PS n’a pas travaillé depuis dix ans, comme je l’entends parfois. Ce n'est pas vrai: on a gagné les municipales en 2008 et on a fait un bon score aux présidentielles de 2007, même si on n’a pas gagné, il faut voir d’où on venait en 2002.

Et concrètement?

Ça passe par une élaboration collective. Il n’est pas possible de réunir une fois par trimestre, deux heures durant, son conseil national un mardi à 17 heures. Les militants, les sections doivent être associés à ce travail de fond, de réflexion, d’analyse partagée. Il faut que le PS fonctionne du bas vers le haut et pas seulement du haut vers le bas.

Quelle est votre position et celle de Ségolène Royal sur le sujet des primaires ouvertes, que certains appellent de leurs vœux?

Je ne veux parler qu’en mon nom. La question des primaires est une question très importante. J’y suis favorable. Mais je ne pense pas qu’on puisse commencer par la primaire. En elle-même, une primaire ne peut pas répondre aux problèmes que je viens d’évoquer. Ce doit être l’aboutissement d’un processus qui aura balayé les problèmes d’organisation, de stratégie et nos propositions. Si on fait des primaires ouvertes, en allant voir nos partenaires demain matin pour le leur proposer, on court à l’échec, ce que je ne souhaite pas. Cela suppose, là encore, une réflexion collective.

Vous étiez de ceux qui prônait un rapprochement avec le MoDem. À la lecture des résultats, ne le regrettez-vous pas?

Pas du tout. J’ai toujours dit qu’il fallait d’abord rassembler les socialistes, ensuite rassembler la gauche. J’ai même suggéré qu’il fallait aller voir jusqu’où l’extrême gauche ne voulait pas discuter avec nous. Ensuite sur la base de ce projet, il faudra se tourner vers les démocrates qui sont opposés à la politique de Nicolas Sarkozy pour voir comment on pourrait ensemble élaborer, le moment venu, une alternative.
C’est la stratégie d’Epinay qui pour moi n’a pas changé même si chaque élection a sa logique. Demain on parlera des régions et les réponses seront différentes: il faudra parler des régions et ne pas se tromper d’élection. Il faut non pas relativiser le résultat de cette élection mais pas non plus le transposer de manière quasi automatique ou systématique à d’autres élections.

Vous considérez que les européennes sont toujours un scrutin difficile pour le PS?

J’ai été directeur de campagne la dernière fois et ça n’avait pas été difficile. Encore faut-il porter des propositions identifiantes. Or aujourd’hui les socialistes et la gauche européenne sont confrontés à une crise sans précédent qui remet en lumière les idées que nous avons toujours défendues. Mais ce qui est paradoxal, c’est que nous n’ayons pas pu faire entendre nos propositions dans ce contexte. Peut-être n’étaient-elles pas à la hauteur des attentes des Européens et des Français. Mais à chaque élection sa propre logique. Demain aux régionales, les résultats seront différents.

Craignez-vous l’épine dans le pied Europe-Ecologie, qui veut être autonome au premier tour des régionales?

Europe-Ecologie porte des idées qui nous sont communes ou qui doivent être communes aux socialistes. Le socialisme de demain, il sera démocratique, heureusement, mais aussi écologique. Nous devons porter ces idées. Aujourd’hui, Europe-Ecologie est un peu dans l’euphorie du résultat. Je souhaite qu’on voit si on ne peut pas être ensemble dès le premier tour, et puis s’ils ne le veulent pas éventuellement se retrouver au second. Mais il faut tenter le rassemblement des forces de gauche autour d’un projet dès le premier tour.

Partager cet article

Commenter cet article

R
Bonjour,Partageant entièrement l'analyse de François Rebsameen, je remercie Désirs d'Avenir 76 de relayer cette info,que je viens de recopier sur mon blog !Cordialement 
Répondre
R
Arrêtez l'auto-flagellation, en avant Camarades !!!
Répondre
F
Continuer à chercher des coupables à l'extrème gauche, à gauche et au centre c'est faire le jeu de la droite et de l'extrème droite.Nicolas 1er est soutenu par 11% et ça ça devrait l'interroger! Les 89 autres % sont en souffrance et ça il s'en fout!
Répondre